OSTÉOPATHES ET ENFANTS DU MONDE
MISSION 2008
INDE Région du KERALA dans le Sud Est.

Les protagonistes :
BLANC Cynthia
BLASER Béatrice
EVERARTS Véronique
FRAJER Adelyne
GICQUEL Philippe
NORD Sylvie

Réunion préparatoire à Paris en janvier. Une prise de contact nécessaire pour se présenter brièvement, rencontrer les initiatrices de cette association, savoir quoi emporter et qui emporte quoi, réceptionner ses billets, commenter l’emploi du temps des 3 semaines que nous allons passer en Inde….Bon, maintenant, lorsque nous communiquerons par mail, nous saurons mettre un visage sur chaque nom. La prochaine rencontre aura lieu …dans l’aéroport le jour du GRAND DEPART.

Quelques appréhensions : des grèves des contrôleurs aériens sont justement prévues le 12 février. Aucune précision n’est donnée par les renseignements des aéroports, il nous reste à croire en notre bonne étoile.
Et nous avons bien fait. Tout se passe merveilleusement bien. Juste un léger retard au décollage qui sera facilement rattrapé en vol.

Une coupe de champagne afin de fêter le succès de notre mission. A Bombay, nous joignons l’aéroport domestique et attendons quelques heures le vol pour Kochi (ou Cochin).

Quelques uns d’entre nous connaissant l’Inde d’avant ou l’Inde du nord, sont surpris de l’état de propreté des lieux. Le sommeil commence à nous gagner. Avec l’ensemble de nos bagages nous sommes avachis et dégustons quelques samoussas, délicieusement épicés.

Encore quelques heures de vol pour atteindre Kochi et le Kérala. Région dans laquelle nous resterons durant ces 3 semaines à venir. Une région au climat tropical, végétation luxuriante, abondance de plantations : bananeraie, hévéa, …
Avant de nous mettre réellement au travail, nous passons 2 jours en bord de mer nécessaires pour décharger notre stress occidental d’autant plus intense qu’au rythme déjà bien fourni, il fallait ajouter les préparatifs du départ et l’organisation de nos cabinets afin de parer au mieux notre absence.
Nous apprenons à nous connaître. Tous, avons une expérience à l’étranger : les uns plus africaine, les autres plus Indienne ou mondiale. Les comparaisons nous donnent l’occasion de mesurer nos conditionnements occidentaux.

Départ pour notre première étape :
Nous nous rendons auprès de la directrice de la fondation BETHEL, Mrs GREETE. Une vieille américaine de 90 ans. Elle avait 20 ans lorsqu’elle a fait son premier voyage en Inde. Elle a créé une école privée dans Kochi, plutôt destinée aux enfants des familles aisées, puis une fondation à 1 heure de Kochi, afin de donner une instruction aux enfants issus de familles en difficulté dans la campagne environnante. C’est auprès de ces enfants que nous interviendrons.

Après nous être présentés ainsi qu’à son second, Sir Thomas, nous embarquons dans la navette qui nous amènera jusqu’à Plamudy. Accueil émouvant par les chants des petits garçons, malgré notre arrivée bien plus tardive que prévu. Les femmes responsables de l’intendance de ce centre se présentent à nous. Elles nous montrent nos chambres, proprettes, coquettes et nous servent un repas aux saveurs de cuisine familiale indienne. Ce fut touchant.

Nous aurons à soigner 150 enfants, majoritairement des filles et quelques rares petits garçons.

Nous travaillons tous dans une même salle. Il nous faudra être vigilant à rester centrer sur notre travail : ne pas nous laisser perturer par les autres thérapeutes et les allés et venus des enfants. Tout est minutieusement préparé pour que nous puissions travailler dans les meilleures conditions possibles : Cahiers de liaison remplis d’une mission à l’autre, draps propres sur chaque table, serviettes à main, eau et savon, de quoi nous désaltérer et quelques petites pâtisseries pour nos pauses. Comment ne pas être attendri par toutes ces attentions à notre égard.

Même si nous percevons dans nos mains une plus grande capacité de correction des lésions ostéopathiques chez les enfants qui ont été suivis depuis plusieurs interventions, nous avons confirmation que depuis la première mission, le coût des soins médicaux a nettement diminué (chirurgie ou traitements importants). Les responsables nous confirment également que les enfants qui souffraient d’agitations, de perturbations mentales sont plus apaisés et présentent une plus grande concentration dans leur travail scolaire.

Les pathologies qui nous sont indiquées sont parfois omises dans un premier temps. Les enfants souffrent de « maladies envahissantes » : asthme, eczéma, poux…ou infections en latence. Les tensions tissulaires nous font voir les vécus douloureux qu’ils ont eu à traverser : abandon familial, décès des parents, violences de toutes sortes. Nous mettons tout notre cœur à l’ouvrage et souhaitons que les libérations que nous obtiendrons, donneront une plus grande force à ces jeunes être afin qu’ils puissent traverser d’autres épreuves plus aisément.

Ces établissements qui pourraient paraître sévère au premier abord ,à notre regard d’occidentaux permettent en fait aux enfants d’avoir une chance de s’en sortir correctement lorsque des problèmes familiaux les séparent de leurs parents. Ici, les jeunes filles apprennent à lire, écrire, compter, ont quelques heures d’anglais par semaine et s’occupent, avec les animatrices, de couture, de jardinage et de cuisine : un bagage qui leur permettra une certaine autonomie. En fin de semaine, nous donnons des soins aux animatrices aux noms mélodieux : Kunjumole (petit bébé), Shiny (lumière), Megitta (nuage), Sheena (grandeur) et Lilliama, la plus âgée, celle qui possède toute l’histoire de ce centre depuis sa création. Le temps de la séparation approche. Mais, leur gentillesse et tout ce que nous avons partagé avec elles durant cette semaine resteront toujours gravés quelque part dans notre tête et notre cœur.

Autre lieu, autre type de pathologie : Maison Mère Térésa
Cette fois, c’est auprès des petits protégés des sœurs de l’institution « Mother Teresa » que nous oeuvrons pour la deuxième ou troisième fois. Le centre est en pleine ville, pourtant, dès que nous franchissons la porte, une quiétude nous enveloppe. Les petits patients nous sont présentés : orphelins, handicaps lourds et majoritairement féminins. Eh oui, être handicapé et fille représentent un obstacle infranchissable à une éventuelle adoption. Les déformations dont sont atteints les enfants, pourraient être choquantes pour ceux qui n’y sont pas préparés. Nous nous installons et attendons : les enfants pouvant se déplacer nous choisissent. Dans ces traitements aussi, nous sentons tous les traumatismes mentaux ou physiques qu’ils ont subi : des naissances où les crânes ont subis des rotations de 180° lésant des structures neurologiques, des autistes, des arthrogripposes, des cécités totales, des I.M.C graves. Les conditions de travail et les pathologies sont bien différentes de notre précédente intervention.

Nous ne pouvons que donner le meilleur de nous-mêmes, faire confiance en nos mains et en cette interaction constante avec leur tissu. Voilà la seule communication qui nous est permise avec ces petits êtres démunis de tout. Lorsque nous sentons le MRP apparaître, lorsque l’enfant se relâche complètement, lorsqu’une lueur illumine son regard, nous savons que notre travail n’a pas été vain. Il est toujours difficile de quantifier une intervention de ce type. Et si, et si, nous avions permis à l’âme d’intégrer le corps afin que, ce pourquoi cet être est né, prenne toute sa dimension aux yeux de l’humanité ? Si ces interventions sont les moins spectaculaires quant aux résultats rationnels, elles restent les plus riches. Comment ne pas être bouleversé par la communication que nous avons réussi à établir ? L’amour des petites sœurs pour leurs protégés est une sacrée leçon d’humanité.

Nous y avons traité une quarantaine d’enfants


Troisième lieu : « SOS Enfants de la Rue »

Les « enfants de la rue ». Association créée par un ancien orphelin qui s’est donné pour but d’éviter à tout enfant de la région de vivre dans la rue comme mendiant, enfants exploités par les gens du cirque ou pour les travaux agraires dangereux.

Là aussi l’accueil est touchant tant par les enfants que par le personnel. Nous sommes aidés pour les traductions entre le Malayalam et l’anglais par des jeunes personnes en stage de formation d’assistants sociaux.
C’est la première intervention de notre mission. Les pathologies sont autres : beaucoup de tuberculose.Ici les enfants ont été récupérés dans la rue, parfois arrachés à leurs parents mendiants ;c’est une fondation sécurisante et structurante, un lieu qui reste le point de référence de ces enfants, lieu dans lequel ils pourront revenir selon leur désir lorsqu’ils seront adultes. Ils sont scolarisés, apprennent la dignité et le respect de soi et des autres. Les tensions qui apparaissent dans nos mains sont différentes de celles que nous avons rencontrées jusqu’à présent : les lésions apparaissent puis, lorsqu’elles lâchent, d’autres apparaissent sur le même plan. Nous pourrions travailler des heures si la sagesse de respecter ce que ces enfants sont en capacité de gérer n’était pas notre priorité.

Nos frustrations d’un travail forcément incomplet sur une si courte période doit laisser place à la satisfaction d’avoir pu aider même un tout petit peu ces enfants pour un mieux être qui se fera sentir à court ou moyen terme. Notre première intervention dans cette structure est très appréciée.

Nous y avons traité près de 140 enfants.

S’achève cette 5ème mission d’« ostéopathes et enfants du monde ».Nous
retournons, pour un jour en bord de mer, nous reposer afin de réintégrer nos cabinets et être au mieux disponibles pour nos patients de tout là-bas.

Un « debriefing » nous permet de conclure sur la richesse d’une telle expérience.Près de 340 enfants ont pu être traité .Nous remercions tous, les initiatrices de l’association pour leur organisation nous ayant mis d’emblée dans le bain de la mission en nous déchargeant des contingences logistiques et, grâce à leur rêve, nous avoir donné une merveilleuse occasion de pratiquer notre art avec tout notre cœur.

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